Le CMA-CGM Jules Verne privé d’un vrai baptême sous la pression de l’Élysée. | Jeune Marine

Le baptême d'un navire n'a rien à voir avec le baptême d'un enfant ou d'un catéchumène... mais cette histoire en dit long sur la volonté de déchristianisation de la France par la classe politique!

Le CMA-CGM Jules Verne privé d’un vrai baptême sous la pression de l’Élysée. | Jeune Marine:
Le CMA-CGM Jules Verne privé d’un vrai baptême sous la pression de l’Élysée.

Derrière l’événement médiatique organisé par la CMA-CGM autour de la venue de son premier porte-conteneurs de 16 000 EVP sous pavillon RIF à Marseille, se cache une opération de communication « politiquement correcte » orchestrée par le cabinet du Président de la République, ignorant totalement les traditions maritimes.
Vous avez été plus d’un navigant ou ancien navigant à vous interroger sur l’intitulé de l’événement : « Inauguration » ! Dans le maritime, on inaugure un port, un terminal, une nouvelle ligne ou une escale, mais on baptise un navire neuf. Que c’est-il donc passé pour que le service communication de la CMA-CGM se prenne « les pieds dans le tapis rouge du faubourg Saint-Honoré » ?
Le groupe, présidé par  Jacques Saadé, a eu une l’excellente idée de reprendre la tradition de placer son dernier fleuron sous le parrainage de l’Élysée. Il faut remonter au paquebot France, lancé le 11 mai 1960 à Saint-Nazaire sous les yeux du Général de Gaulle, et baptisé par « tante Yvonne » le 11 janvier 1962 au Havre. Cette cérémonie avait été annoncée fin 2012 lors d’une escale du premier de la série, le CMA-CGM Marco-Polo au Havre. En absence d’une première dame au protocole, Brigitte Ayrault a accepté d’être la marraine du CMA-CGM Jules Verne.
Initialement prévue au Havre, CMA-CGM a décidé finalement de détourner le navire sur Marseille afin de faire concorder l’agenda du Président Hollande avec le planning du voyage inaugural du CMA-CGM Jules Verne. Le 2 mai 2013, le service communication de CMA-CGM annonce dans un communiqué de presse la présence de Monsieur François Hollande qui présidera l’inauguration du CMA-CGM Jules Verne à Marseille le 4 juin 2013. Exit le baptême et accessoirement la marraine (1).
Le baptême d’un navire n’est pas uniquement le geste symbolique de casser une bouteille de champagne sur la coque, avant tout pour conjurer le sort. Ce geste a pour origine une vieille tradition maritime  résumée par ce proverbe anglais : « Un navire qui n’a pas goûté au vin goûtera au sang »… Auparavant, le sang d’une victime de la mer était étalé sur la proue du bateau avant que ce dernier ne prenne la mer. Ce sacrifice fût abandonné au profit de la bouteille de vin puis de champagne, un breuvage associé au bonheur et à la chance. Parfois, la bouteille ne se brise pas, ce qui est de mauvais augure.
Tiens « augure » est la racine du mot « inauguration » qui vient du latin « inauguratio », action de prendre les augures, l’augure étant un prêtre romain qui s’occupait d’interpréter la volonté des Dieux. L’Élysée s’est donc fourvoyé par deux fois, en refusant la présence du Président de la République si le terme baptême était conservé et en imposant le terme inauguration qui renvoie au Divin.
Le groupe CMA-CGM a donc corrigé sa communication qui a été malheureusement reprise sans distinction par tous les médias, y compris la presse maritime spécialisée. Le Roi Henry IV avait déclaré juste avant d’accéder au trône de France « Paris vaut bien une messe », et bien pour la famille Saadé, les bonnes relations présidentielles valent bien quelques entorses aux traditions maritimes.
Le baptême d’un navire est un tout qui reprend des traditions ancestrales (la bouteille) et la continuité d’une tradition religieuse qui s’est imposée au fils des siècles. Le baptême n’est complet qu’après la bénédiction religieuse qui accorde sa protection au navire et aux équipages qui se succéderont durant toute son exploitation. On retrouve ce rite quelle que soit la religion pratiquée à bord, hindouiste, bouddhiste, catholique, orthodoxe, etc. Sur plus de 90 % des passerelles de navigation est installé un petit oratoire avec une statue de la Vierge, une icône orthodoxe ou une mini pagode abritant une statue de Bouddha. De tout temps, face aux éléments, les marins s’en sont remis à leurs Dieux pour les sortir d’une situation désespérée.
Dans la réalité que s’est-il passé ? Eh bien un demi-baptême le 4 juin, avec François Hollande qui a eu le privilège de casser la bouteille de champagne  et prononcer son discours de chiffres plus ou moins vérifiés face aux médias, à la communauté maritime phocéenne, aux élus et hommes politiques flattés par sa présence. Pour l’occasion, une trentaine d’élèves de l’Hydro de Marseille ont été invités à cette cérémonie.
Et le lendemain mercredi 5 juin en fin d’après-midi, organisé au pied levé et en « catimini » dans un coin de la passerelle l’autre partie du baptême avec la bénédiction par deux Diacres de la Mission de la mer en présence de Madame Tanya Saadé, marraine effective du navire, de Monsieur Thierry Billion, DRH du groupe, de l’équipage du CMA CGM Jules Verne, de représentants de la communauté des marins marseillais contactés dans l’urgence pour assister au vrai baptême, loin des caméras et du regard présidentiel. Une trentaine de personnes au total sur l’aileron tribord, alors qu’à la passerelle et sur bâbord les groupes de visiteurs continuaient la découverte du navire.
Quel exercice de contorsionniste pour à la fois satisfaire la volonté du Prince sans renoncer complètement au protocole du baptême d’un navire. Cette histoire risque d’interpeller plus d’un marin philippin superstitieux qui hésitera à embarquer sur un navire pouvant terminer sa vie sur les océans coupé en deux parties.


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