Les veilleurs à l'Elysée

Mercredi 3 juillet

http://youtu.be/dY0-OPDohdQ

Je termine le travail vers 23h et me rends à la veillée devant l’Hôtel de Ville où les veilleurs sont depuis 21h30.

La station de métro «  Hôtel de Ville » est fermée à l’extérieur,  la RATP l’annonce (la station Hôtel de Ville est fermée sur demande de la Préfecture de Paris pour des raisons de sécurité suite à une manifestation devant l’Hôtel de Ville)

Je suis obligée de sortir à St Paul pour m’y rendre ! Dans la rue adjacente de l’Hôtel de Ville des motards on coupé une voie de circulation, je ne vois toujours pas les veilleurs, mais j’arrive devant la place. Des barrières bloquent l’entrée sur la place, la rue qui passe devant la place est bloqué par une première rangée de gendarmes puis par leurs camions puis une seconde rangée de gendarmes et enfin je distingue les veilleurs assis sur dans la rue, la place étant encerclée de barrières et gardés par des CRS.

Je demande l’autorisation de passer on me refuse, je dis que je souhaite rejoindre les veilleurs, on m’autorise l’accès !

Lecture d’un texte de Voltaire sur la liberté de pensée ! Comment ce fait il que ce texte soit encore autant d’actualité aujourd’hui dans le pays des droits de l’homme ???

Comme à l’habitude l’heure du déplacement à sonné, Madeleine propose un vote à mains levée pour qu’on aille rejoindre les veilleurs debout place Vendôme (nous sommes plusieurs centaines à être présent devant l’Hôtel de Ville)

La demande est faite au supérieur des CRS (un type qui est presque tout le temps là pour les veilleurs, un petit gars grisonnant la cinquantaine, qui à tout le temps une tête abattue et lasse). Refus.

Madeleine déclare alors qu’on va quand même se déplacer mais par petits groupes de 3 à 5 en se dispersant d’abord, le lieu ne sera pas annoncé à haute voix car les gendarmes nous écoutent mais à faire passer dans l’oreille de son voisin ! C’est le palais de l’Elysée !

Les gendarmes ne nous font sortir que par groupes de 5 espacés de quelques minutes, en attendant de sortir je regarde les gendarmes et leur sourit, il y en a un qui répond à mon sourire avec un plissement de lèvre (un sourire coincé ou interdit qui sait).

Plus de métro nous sommes contraints de faire le chemin à pied, quand j’arrive devant l’Elysée les premiers veilleurs sont déjà en train de se faire expulser par les mêmes gendarmes qui m’avais fait sortir de la place de l’Hôtel de Ville ! En effet c’est plus rapide le déplacement en camion plus gyrophare qu’à pied !

La violence avec laquelle les veilleurs sont traînés est déplacée face à notre pacifisme et notre calme, même le silence règne, seul deux ou trois veilleurs brisent le silence par des cris envers les CRS !

Les femmes sont attrapés par les pieds et les bras et sont transportées sur le trottoir, les hommes sont trainés par terre par le sac ou les mains.

Le chant de l’espérance est entonné, moi je m’assied sur le bord du trottoir avec une mère veilleuse et une autre dame. Puis le calme revient tout  le monde est appelé à continuer la veillée assis sur le trottoir devant l’ambassade de Colombie (celle juste à côté de l’Elysée). Des personnes tour à tour prennent l’initiative de réciter ou lire des textes !

Les organisateurs de cette veillée reprennent leur souffle et continuent donc la lecture des textes prévus ! Moi je suis assise par terre à deux mètre d’une rangée de gendarmes je les observe !

Il y en a un qui est plutôt potelé et qui a le regard totalement vide comme un bon vieux chien de garde, il y a deux vieux qui sont là comme si ils avaient résisté à tous les vents et marrées et que plus rien n’affecte désormais. La plupart évitent le regard et semblent être seulement des automates à qui ont a retiré le regard et la liberté !

Il y en a un juste devant moi , très grand, très jeune le regard figé, plutôt nerveux celui là même qui m’avait quelques minutes avant poussé pour que je regagne le trottoir !

Et plus loin celui avec le bouc qui m’avait esquissé un semblant de sourire. C’est avec ces deux gendarmes que durant toute la veillée j’ai échangé des regards ! Dans leur regard ces mêlés de tristesse, d’interrogation , et à certains moment de honte !

Je soupçonne même un peu de pitié et de tendresse quand je me mis à claquer des dents de froid !

Un veilleur fit remarquer que les gendarmes étaient plus nombreux que nous et que cela est peut-être vrai après tout , nous représentons une menace pour la république Française bien plus que certains casseurs ou autre délinquants qui devaient agir au même moment en banlieue et dans les quartiers chaud !

Cela nous fit bien rire !

Dans la pointe d’humour un veilleur cru bon de partager avec tout le monde un flash info !

Première info : que même Najat  finissait par reconnaître qu’un enfant à besoin après tout d’un père et d’une mère à travers un lapsus dans un débat télévisé

La deuxième : que l’intelligentsia Française avait félicité le courage et porté en héros le gars qui après avoir lancé un mouvement de veilleurs debout place Taxim  en Turquie avait fait plier le premier ministre qui avait enfin cédé et écouté son peuple !

Ce même premier ministre est vu comme un presque dictateur autoritaire et dangereux, mais pourtant il a mit moins de temps à écouter son peuple que M. Hollande !

Alors je pense que la France ferait mieux  de revoir ses leçons et ses conseils en matière de répression policière, de liberté de penser et d’expression pour elle-même !!

Toute cette fin de veillée, les textes qui furent lu étaient adressés aux gendarmes et CRS  tout autant qu’aux veilleurs ! Un appel à la bienveillance fut lancé puis souligné par un ancien militaire qui a fait remarqué que certains gendarmes avaient basculé dans une violence démesuré suite à un manque de bienveillance !

Nous avons fini la veillée sur un appel très fort à l’engagement de chacun dans la politique, les médias , la culture …. Notre lutte va beaucoup plus loin que la loi Taubira !

Un appel fut lancé aux CRS et aux gendarmes de sortir de leur silence et à résister de la manière dont ils peuvent en publiant par exemple leurs ordres où en révélant des communiqués anonymement et en cachette !